Atelier 1914-1918 |
L’Atelier 14-18 sous l’égide de Maurice Cheveau
Cet atelier entrepris en collaboration avec la municipalité de Sarzeau sous l’égide de Mme Larzul, adjointe à la culture, repose pour une partie sur le travail commencé par Gérard Nirrengarten et s’est poursuivi à l’automne avec les services techniques. Ceci dans le but d’organiser avec la municipalité une exposition à l’automne 2014, et pour la Maison Forte de produire un écrit en 2018 à la demande de Monsieur Lappartient. Si un point doit être fait: atelier 14-18 les recherches se poursuivent avec la petite équipe ....... dans le silence assourdissant de la participation des sarzeautins (thème politiquement incorrect et déjà évoqué). Nous invitons toutes les personnes intéressées par ce sujet à venir rejoindre cet atelier.
GUERRE 1914-1918 : PREMIERS COMBATS
INTRODUCTION
Nous avons évoqué précédemment la mobilisation (73 000 morbihannais), la déclaration de guerre, et le conflit, ainsi que nos méthodes de recherche des soldats inscrits sur le livre d'or et le monument aux morts de Sarzeau* (Mémoire des Hommes, livret matricule, état-civil). Nous approcherons le début du conflit en référence aux premiers « enfants de Sarzeau tombés au champs d'honneur ».
Nous conduisons – dans le cadre de l'atelier 14-18- nos investigations avec le maximum de rigueur, comblant ce qui nous semble être des omissions : à l'origine 157 inscrits sur le monument, à ce jour 217 soldats répondraient aux critères d'appartenance « directe » à la communauté sarzeautine (né et/ou résidant à Sarzeau) ou par filiation (parents résidant à Sarzeau). Un soldat demeure non identifié : DAVID C, monument cimetière de Brillac.
Nous aborderons le cas des prisonniers avec quelque appréhension: le journal du Département (n°9) évoque de 5 000 à 10 000 Morbihannais prisonniers. Combien de Sarzeautins? Compte-tenu de notre approche (Morts pour la France), nous avons - pour l'instant - plus de renseignements sur les morts durant le conflit que sur ceux qui en sont revenus...
Pour ce qui est de la vie à Sarzeau durant cette période, la documentation nous fait, actuellement, cruellement défaut.
Nous évoquerons ces premiers mois, car si l'on connaît la Marne[1] et ses taxis, la bataille des frontières et la course à la mer sont moins connus. Pourtant fin 1914 ont comptait 900 000 français hors de combat dont 360 000 morts, avec une décimation du corps des officiers.
L’HÉCATOMBE DES PREMIERS MOIS
Les Sarzeautins sont immédiatement engagés dans les combats, et Sarzeau est confronté à l'hécatombe des premiers mois, bataille des frontières, course à la mer, bataille de la Marne. Exemple : le 116e RI : mobilisation 2 août, 7 et 8 départ de Vannes; 9-10 arrivée dans les Ardennes ; concentration du 11e corps d'armée puis le 22 mouvement vers Maissin. Nous suivrons cette journée dans l'historique ci-dessous.
Un rappel : 22 Août, Bataille des frontières (Ardennes belges), la pire journée de l'armée française.
Combat de Maissin : « Le 22 août, la 22e Division d'Infanterie qui se prépare à l'attaque comprend le19e RI, le 118e RI et le 116e RI. Sarzeautins tués à Maissin (Belgique-Ardennes) Le Millionnec Mathurin (24 ans), 118e Régiment d'Infanterie, Tascon Jean Marie (36 ans) 116e Régiment d'Infanterie.
HISTORIQUE DU 116e RI (extrait ; rédacteur anonyme ; imprimerie Commelin)
Basé à Vannes, composé presque exclusivement de Bretons, partie de la 22e Division d’infanterie. Bataille de Maissin.
« Le 116e prend une formation de combat en avant de la colonne 429, à 3 kilomètres sud-ouest de Maissin, et prend contact immédiatement avec l’ennemi, qui est retranché dans les bois, les champs d’avoine et champs de blé depuis plusieurs jours. Les quelques renseignements recueillis jusqu’alors signalaient l’ennemi dans la direction de Maissin sans aucune précision, le village de Maissin aurait été inoccupé.
Le combat
Il s’engage immédiatement, c’est le baptême du feu. Dans un élan irrésistible, les officiers, sabre au clair, les hommes de troupe, baïonnette au canon, s’élancent à l’assaut des positions allemandes fortement tenues et défendues par des fils de fer et de nombreuses mitrailleuses. La lutte est excessivement dure, les allemands, avec le concours d’une puissante artillerie, font des ravages dans nos rangs, tirent sans cesse sur nos fantassins qui, pour la plupart, sans avoir pu tirer un coup de fusil, avancent quand même. Rien n’arrête le 116e, il continue sa progression malgré ses pertes. Il enlève de haute lutte toutes les positions allemandes et, poursuivant son élan, prend maison par maison le village de Maissin.
La retraite
Au moment où il s'organise dans le village de Maissin, il apprend que l'ennemi a réussi un mouvement débordant sur la droite de la 22e division et reçoit l'ordre de se replier. Malgré l'appui de la 21e division à gauche, Maissin est abandonné, le régiment se replie dans la direction de Paliseul. Le 23, dans la matinée, le régiment se reforme à Bouillon et bivouaque, le soir, dans les rues de la ville. L’appel fait ressortir les pertes sensibles éprouvées la veille ; 618 hommes tués, blessés ou disparus... »
Nota : pour suivre les péripéties d'une unité de combat, il existe principalement deux sources : le Journal de Marche et d'Opérations (JMO) militaire, réglementaire et l'historique du régiment, plus littéraire, le plus souvent rédigé par un « ancien ».
Symbole de l’âpreté des combats, cette stèle parmi les monuments commémoratifs de ces quelques jours dans la région.
LES PORTÉS DISPARUS
À la détresse de ces familles, il faut ajouter celles des portés disparus ; comme ceux qui, lors de la bataille de Rossignol (22/08/1914) survivant aux 11 900 « pertes », font partie des 5 000 prisonniers et resteront en captivité jusqu'à fin 1918 (tels Berthe Alexis, Boulicault François et Cadou René, de la classe 1913).
22 août, Bataille de Messin (Ardennes Belges), Kergal Vincent (44 ans) 116e RI, blessé et fait prisonnier à Messin (près de Maissin) décédé de ses blessures en captivité le 8/11/1914 à Cassel (Allemagne).
23 août, tué à Houdremont (Belgique-Ardennes), Brature Cyprien (34 ans) 28e Régiment d'Infanterie Coloniale. Nota : le Régiment d'Infanterie Coloniale engagé dans cette bataille était essentiellement composé de Bretons et de Provençaux.
7 septembre, Éon Pierre-Marie (39 ans), 85e RTI, fait prisonnier le 7/9/1914 à Maubeuge, décédé le 11/03/1917 (42 ans) à Dortmund, Allemagne.
Ces défaites cuisantes sur le front des Ardennes, de la vallée de la Sambre et de la Lorraine, ont été éclipsées par le succès de la bataille de la Marne (cf « Le Monde » du 22/08/2014).
Septembre, Objectif des « alboches » : prendre PARIS ; Bataille de la Marne et les taxis (victoire) ; mois très meurtrier de la guerre (13 Sarzeautins tués dans la retraite et les batailles).
Octobre, Bataille de l'Yser, Nous avons recensé 3 fusiliers marins décédés à Dixmude : Le Bodo Joseph (23 ans) le 25/10/1914, Le Ridant Léon (22 ans) le 13/11/1914, Lodého Louis (24 ans) le 27/10/1914. Dixmude, c'est la légende des fusiliers marins, des territoriaux aux apprentis (appelés les « demoiselles » compte tenu de leur très jeune âge) qui ont défendu avec vaillance et abnégation[2] ce coin de Belgique pour protéger Dunkerque et la côte de l'invasion, en pataugeant dans la boue des marais inondés.
CONSÉQUENCES A L'ARRIÈRE :
Toutes les classes de la population, tous les métiers sont touchés par la mobilisation. Les agriculteurs, les pêcheurs, les boulangers, etc. - mêmes les ecclésiastiques. Ainsi « Le Courrier Breton / Les Nouvelles du Morbihan » datés du 13/9/1914 nous apprend que, dans l'évêché, 425 prêtres sur 800 sont mobilisés (France 20 000) ; ils servent principalement comme aumôniers, infirmiers, brancardiers.
Il va falloir faire face, répondre à l'appel de Viviani (président du Conseil) le 2 août 1914 : « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! A l'action ! A l’œuvre ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».
Image de la propagande américaine vers 1917
CONCLUSIONS À l'issuE DE CES PREMIERS COMBATS : Lorsque la guerre a commencé, début août 1914, l'état-major, comme les soldats, pensait à une guerre courte. À Noël, tout le monde devait être revenu dans ses foyers. La dure réalité a vite fait de démentir ces rêves. À partir de novembre, les deux armées s'enterrent dans des tranchées. On sait alors que la guerre va s'éterniser. Mais le haut commandement n'avait pas prévu une tenue adéquate pour les soldats en cas de grands froids. Or, l'hiver, dans le Nord et l'Est de la France, est fréquemment très rigoureux. Dans ces conditions, les familles et les collectivités vont pallier ces déficiences pour apporter un minimum de confort aux poilus. C'est le lancement des campagnes de collectes, tricotages, parrainages pour faire corps avec les poilus. Les familles devront également faire face aux restrictions, s'organiser de manière durable et l'État affronter les déficits de production des armements et le renouvellement des disparus.
Sources :
Sarzeautins tués au front en septembre 1914
Sarzeautins tués au front octobre 1914
Maurice Cheveau
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