Les 5 fiefs de Pencadénic sous Louis XIV

          Les 5 Fiefs de Pencadénic sous Louis XIV(1682)

Le Terrier de Rhuys

En 1680, la Cour s'installe dans un château de Versailles en chantier. Louis XIV agrandit son royaume à l'est (Flandre, Artois, Franche Comté) mais n'oublie pas pour autant la France. C'est un roi administrateur. Il fait dresser un état de tous les fiefs et particulièrement de son domaine propre. Rhuys, autrefois domaine personnel des ducs de Bretagne, est depuis 1532 domaine Royal. Les arpenteurs Jules LE BIGOT et Jean BACONNIERES, arpenteurs à Fougères - donc francophones - sont chargés de mesurer toutes les parcelles de Rhuys. Ils travaillent en terre bretonne et déforment parfois des noms de famille ou de lieu mais, dans l'ensemble, ce « CADASTRE ÉCRIT »  (il n'a malheureusement jamais été mis en carte avant aujourd'hui) est une œuvre remarquable étant donnés les moyens de l'époque.

Dans la frairie du TOUR DU PARC qui vient de se détacher de celle de PENVINS, le village de PENCADE­NIC est sans doute le plus peuplé ; la raison en est simple : c'est à cet endroit que la population a osé franchir le mur du GRAND PARC DE RHUYS sérieusement endommagé par les assauts de la mer. C'est donc par ce village que nous allons commencer notre découverte du TOUR DU PARC sous le ROI-SOLEIL.

 

Des chemins, des sentes et des " Tenues "

 - 2 chemins : l'un vers Sarzeau, l'autre vers la mer (toujours existants).

 - 2 sentes : une  « qui conduit du village de PENCA­DENICQ à la pointe de la coste » au sud et une « qui conduit DANS LA POINTE DE LA MER » au nord. (Elles ont toutes les deux disparu. La rue de l'Etier au nord et l'impasse de BECANIC au sud en sont des vestiges).  

                                   

On ne parlait pas de parcelles mais de « tenues ». Ces terres qui sont des sortes de « petits fiefs » portent le nom d'un propriétaire ancien. Une tenue peut être éclatée en plusieurs parcelles plus ou moins distantes les unes des autres mais portant le même nom.

A Pencadénic, dans la zone construite, on trouve les « tenues » suivantes :

 

1 - OB - Olivier LE BIHAN (tenue déjà mentionnée en 1510). Ce sont les maisons de la place Henri de Malu­quer. Les propriétaires sont les familles : BOURBON, HAROT*, HUGUET, LE GOURMELLEC *, TALHOUARN*, LE MOLGAT*, LE NORMAND*.

2 - IM - « La terre à LE MOULINAIR » (tenue déjà mentionnée en 1510). Ce sont les maisons proches de la rue Marie Le Franc. Les propriétaires sont les familles : BOURBON, GODEC*, PICARD, LE GOURMELLEC*, LE GOUEFF*.

3 - H - HAMON (famille déjà mentionnée en 1500 dans la tenue « PASQUELOT ». Ce sont les maisons proches de l'impasse de la Vieille Poste. Les propriétaires sont les familles : LE PESQUAIRE, FRAVAL*, TALHOUARN *, BOURBON.

4 - KERBIHANER

Ce sont les maisons de l'impasse de Kervaniet (le seul toponyme qui a résisté au temps). Les propriétaires sont les familles : HUGUET, BERTHE*, BOURBON.

5 - LP - LORANCE PIRON

Cette tenue est plus difficile à placer. Elle était entre Ker­vaniet et le marais. Les propriétaires étaient les familles : LE PAVEC*, LE GODEC*, PIRON*, BOURBON.

On remarque que, dans les quatre tenues qui portent le nom d'une famille, ce nom a disparu en 1682 pour LE MOULI­NAIR et HEMON mais il s'est conservé dans la tenue LE BIHAN (BOURDON vient en effet d'un Jehan LE BIHAN dit BOURBON) et dans la tenue « PIRON ».

Sans aller jusqu'à dire que ce sont tous des descendants des familles citées au XVIIe, on peut estimer qu'il y a de grandes chances que la majorité de ces familles a perduré. Seule une étude généalogique sur trois siècles (cela est très possible) donnerait une réponse irréfutable.

                                             

 Pour dresser la carte ci-dessus, il a fallu s'aider du cadastre Napoléonien (1827) au niveau des habitations, de certaines limites de parcelles et du type de culture, le terrier donnant le nom des tenues et leur dimension (qu'il a fallu recalculer sur le cadastre Napoléonien).

(*) Parmi tous ces noms, on trouve toujours en 2011 au TOUR DU PARC des : LE BERT, LE GOUEFF, LE GROUMEL­LEC, LE MOLGAT, LE PAVEC, PERON, TALHOUARNE et à SARZEAU des FRAVAL, LE GODEC, NORMAND, MAROT.


Déjà des raz de marée !

 

À propos du « prastau de PENCADENIQ » qui se trouve au début de la « route de l'Huître », le terrier donne une information intéressante : « un espace de terre nommé le prastau de Pencadeniq que la mer couvre... ».
Comme ce plateau se trouve à l'endroit où la terre forme une sorte d'isthme entre les deux zones de marais, on peut en conclure que Pencadénic était parfois séparé du continent à cette époque.
Nous avons eu encore un exemple de ce recouvrement en 2008. On voit bien que le fait n'est pas nouveau et qu'il se reproduira certainement. Néanmoins, il était sans doute plus fréquent au XVIIe siècle car les arpenteurs le présentent comme un phénomène habituel.

 

                                                                                    Pierre BEUNON

 

Article paru dans le Bulletin Municipal de Le Tour-du-Parc, n° 5 de Décembre 201

 

 

 

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