En 2005, La Maison Forte s’est donné comme objectif de retrouver le tracé du Mur du Roy dans la Presqu’île. Son existence était connue, mais il se trouve souvent le long de chemins plus ou moins praticables, souvent recouvert de lierre et de ronces, on le voit quand on est dessus ! L’association est donc partie en 2005 à la recherche du Mur du Roy. Nous vous avons relaté dans le bulletin n°8 les 3 premières randonnées essentiellement centrées sur la recherche des murs du Petit Parc.
L’ensemble des sorties « à la recherche du MUR DU ROY » sont relatées dans les n° 8 à 13 des bulletins de la Maison Forte*.
Le Mur du Roy n’est pas classé monument historique, ni même répertorié à l’inventaire supplémentaire, il serait seulement « protégé » et il appartient à de très nombreux propriétaires privés !
La Maison Forte en a fait un tracé cadastral précis et essaie de faire connaître ce mur aux exploitants qui travaillent les terres qui le jouxtent, aux propriétaires, aux communes et aux institutions concernées et au public en général afin d’en préserver tous les tronçons restants. Nous avons donc organisé de très nombreuses randonnées pour retrouver le tracé et les vestiges du mur.
Une carte datant de Louis XIV nous montre le tracé au XVIIe siècle, mais attention, pas facile à lire ! En effet l’orientation en est inversée ! À cette époque, ce mur était devenu effectivement le Mur du Roy, puisque depuis 1532, la Bretagne était rattachée à la France, mais au départ, c’était le Mur du Duc.
Le Mur du Duc entourait les Parcs, c’est-à-dire les réserves de chasse du duc. Au XIIIe siècle, Jean Ier le Roux, petit cousin de Saint Louis, capétien de la branche des Dreux, est duc de Bretagne. Les capétiens adorent la chasse ! En 1250, Jean Ier décide d’entourer son château de Suscinio de Parcs de chasse.
À l’époque, la plus grande partie de la Presqu’île est recouverte de forêt. Elle est divisée en 3 paroisses qui se rejoignent à la « Pierre des 3 paroisses », aux environs du rond pont de Largueven (Saint Gildas) . Le duc ne peut empiéter sur la paroisse de Saint Goustan (aujourd’hui Saint Gildas) mais il le peut sur celles de Sarzeau et d’Arzon qui sont dans un domaine ducal. Jean Ier a régné 50 ans ! C’est un duc pacifique mais rassembleur de terre. Banquier de ses propres vassaux, il n’hésite pas à se rembourser à la fin de leur vie en leur prenant leur fief ! On le voit dans le tracé des parcs : à chaque fois qu’il peut prendre un hectare de plus, il n’hésite pas, ce qui rend le tracé des parcs très sinueux.
À l’Est, Jean le Roux ferme la Presqu’île sur la ligne qui murait le domaine de l’évêque de Vannes, avec lequel il ne s’entendait pas bien. Il a dû éviter :
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De gros villages, Saint Colombier, Penvins, pour ne pas se mettre à dos la population.
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De grosses seigneuries : Caden, mais le mur passe au plus près du manoir. Certaines seigneuries, comme Banastère, ont été complètement englobées dans les parcs.
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Des biens du clergé : prieuré de Redon en Arzon, biens de l’abbaye de Saint Gildas en Saint Armel, peut-être le couvent de Saint Jacques.
Tout l’Est est englobé dans le Grand Parc.
Près du château de Suscinio, Jean le Roux édifie le Petit Parc, et au Sodrio la nurserie du gibier.
Le Manoir du Trest l’empêche d’aller plus à l’ouest.
Il y a peut-être eu un parc antérieur à Bernon, on n’en a presqu’aucune trace sur le terrain, mais on en parle dans plusieurs actes, ainsi que du quartier de Brillac qu’il englobait.
Le Petit Parc, autour de Suscinio, n’englobait pas les marais salants, au sud du château, qui avaient été cédés à des grands nobles.
Le mur que nous voyons à Kerguet est le seul vestige possédant encore son faîtage, il mesure plus ou moins 2 m 50 de hauteur et une largeur de 2 coudées.
Dans le village de Kerguet, se trouve la maison dite du « gouverneur », qui est en même temps capitaine de Suscinio, notamment les Montigny, dont Pierre Beunon a raconté les frasques dans son livre « Si Sarzeau m’était contée ».